L’affaire Nostromo ou comment volé un Proto !

 

Source : Ludovox.fr, Shanouillette

 

L’AFFAIRE NOSTROMO : ENTRETIENS AVEC LES PROTAGONISTES

 

L’affaire du plagiat du “Nostromo” prend de l’ampleur sur les réseaux depuis que les photos du jeu en Chine prêt à être envoyé en France circulent.

 

 

 

La polémique a commencé suite à une photo postée par Marcus posant avec le jeu USCSS Nostromo – Alien: The Board Game! avec les fondateurs de la petite maison d’édition Wonderdice, à savoir Aldébaran (CEO) et Nathanaël (CEO-Advisor). Le jeu était en pré-commande pour une sortie prochaine.

 

 

 

marcus(Marcus tient la boîte de Nostromo, à gauche Aldebaran , à droite Nathanaël)

 

 

 

Jusqu’ici tout va bien… Sauf que ! Un certain François Bachelart (auteur de jeux tels que Gnomes tribes, Symbioz) est alerté lundi par des proches ayant vu le jeu sur les réseaux, et ces derniers pensent reconnaître son oeuvre, ou plus précisément son prototype du “Nostromo”, prototype que l’éditeur Wonderdice a justement eu entre les mains il y a 4 ans de cela.

 

 

 

De fait, l’univers est le même (Nostromo d’Alien) et les deux corpus de règles sont indubitablement proches.

 

Les règles du Nostromo de Wonderdice sont ici et celles du jeu de François Bachelart sont par là. Vous pourrez ainsi vous faire votre propre opinion.

 

 

Statut d’auteur et question de plagiat

Le statut d’auteur est encore très fragile, nous en avons déjà plusieurs fois parlé dans ses colonnes, il est non seulement très compliqué de vivre de ses œuvres ludiques aujourd’hui mais aussi extrêmement complexe de protéger ses idées. Le monde ludique est un petit milieu, où un certain nombre de lois et juridictions qui devraient lui être propres n’existent pas encore et restent à écrire. Les procès pour plagiat sont rares, notamment car il est aujourd’hui impossible de protéger une mécanique de jeu. D’ailleurs, cela serait-il réellement souhaitable ? Dans quelle mesure ? La frontière entre copie et inspiration est parfois très fine… Toujours est-il que le débat fait rage depuis plusieurs années. On comprend que ces questions préoccupent beaucoup les principaux concernés, auteurs et éditeurs en première ligne, mais ce sont des sujets auxquels les joueurs sont très sensibles également.

 

La communauté ludique française s’est donc émue devant la situation de cet auteur visiblement floué et l’affaire est montée très vite en épingle avec parfois beaucoup de virulence, chacun y allant de son commentaire et de son “partage” sur les internets.

 

La SAJ (Société des auteurs de jeux) ainsi que Edge (qui avait eu le prototype initial entre les mains il y a quelques années) ont notamment pris position fermement et soutiennent la démarche de l’auteur, François Bachelart, dans un communiqué : “La Société des Auteurs de Jeux ne peut que condamner fermement cette attitude, et offre tout son soutien à François. À défaut de réactions légales, coûteuses et de toute façon très aléatoires du fait de l’ambiguïté du statut du jeu de société, le seul moyen d’action disponible reste d’informer auteurs et joueurs des mauvaises pratiques de Wonderdice, afin que cet éditeur rencontre l’insuccès qu’il mérite.” écrit la SAJ sur son site avec cette photo :

 

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Mais qu’en est-il réellement ?

 

Avant de partir bannière aux quatre vents, nous avons pris le temps de discuter avec les deux parties. Notre envie aujourd’hui est de pouvoir vous donner à entendre les deux voix, en vous laissant le soin de vous faire votre avis. Wonderdice d’une part et François Bachelart de l’autre ont répondu à toutes nos questions.

 

 

Retour à bord du Nostromo

Heurté de plein fouet par l’ampleur de la polémique qui éclate depuis lundi soir, Nathanaël de Wonderdice explique en substance : “Nous n’avons jamais nié avoir été en contact avec François Bachelart. Il nous avait en effet montré son proto il y a 4 ans. Le jeu pouvait fonctionner avec un peu de travail et sur la licence Alien. On était intéressés, on lui a dit, et il s’est avéré que CMON pouvait potentiellement être partant pour le distribuer aux US. Aussi avons-nous commencé à nous renseigner sur comment faire pour obtenir cette licence avec la Fox. Mais CMON a fait ensuite marche arrière, jugeant le jeu trop familial pour son public.”

 

 

 

Plutôt que de laisser tomber totalement l’idée d’un jeu estampillé Alien, les contacts ayant été pris auprès de la FOX pour obtenir la licence du film, Aldébaran et Nathanaël ont souhaité développé leur propre jeu, plus gamer, basé sur le même film.

 

Mais la filiation avec le jeu original de François Bachelart est évidente, indissociable, et ce dernier ne semble pourtant pas mis “dans la boucle” du développement à aucun moment. Wonderdice de son côté assure avoir développé le jeu pendant un an et demi avec toute une équipe de beta-testeurs pour finalement arriver à un jeu “complètement différent”.

 

Reste que le jeu de départ était bien celui de François Bachelart et qu’il n’apparaît nulle part dans les crédits. “Maladresse, manque d’expérience et stress lié à la licence se sont mêlés quand nous avons pris la décision de faire cavalier seul. Nous n’avons réalisé à aucun moment ce qui couvait jusqu’à ce que cela nous explose au visage”. (Pourtant il semblerait que leur précédent titre, Play Me, ait déjà donné lieu à des complications du même genre avec son auteur, Martin Wolyo…mais cela reste une autre histoire sur laquelle investiguer !).

 

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Il s’avère que François avait été mis au fait que Wonderdice travaillait toujours sur un jeu très inspiré (“à ce niveau c’est pas inspiré c’est aspirant” nous dira-t-il non sans humour) de son proto il y a de cela quelques mois, quand la boîte du “nouveau Nostromo” a atterri chez Edge. Wonderdice cherchait un distributeur pour le jeu, et de fil en aiguille le jeu est arrivé là-bas. Mais Edge connaissait l’ancien proto initial de François Bachelart pour l’avoir étudié longuement il y a plusieurs années.

À ce moment-là, l’auteur est averti, étonné et mécontent, mais ne pense pas à prendre contact avec Wonderdice pour avoir plus d’explications, “je pensais que ça allait en rester là” raconte-t-il. Il est vrai que pour un auteur il n’est pas évident de savoir comment réagir, surtout étant donné qu’il existe peu de recours et de jurisprudence en la matière.

 

 

 

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Aldébaran et Nathanaël ont finalement eu la possibilité d’obtenir la licence Alien, et décident de prendre le pari de s’offrir cette opportunité (l’année 2019 fêtera le 40e anniversaire de la saga). Ils arrivent finalement